« Reprendre le drapeau européen » des mains d’Emmanuel Macron. Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste (PS) et de Place publique aux élections européennes du 9 juin, en a fait son cheval de bataille. Alors, quand le président français a fait savoir qu’il délivrerait son grand discours sur l’Europe à la Sorbonne jeudi 25 avril, l’eurodéputé a voulu faire du meeting qu’il avait prévu de tenir à Strasbourg, la veille au soir, un point d’orgue de sa campagne.
« J’avais écrit cinquante pages », a-t-il lancé au bout de trois quarts d’heure à une salle qui, comble au début, avait commencé à se dégarnir. Finalement, après en avoir lu dix-neuf, sur un ton très professoral, il a abrégé son « discours-fleuve », qui avait pour objectif de présenter son programme, pour repasser en mode meeting politique. « Je vais vous épargner », a-t-il poursuivi, « elle [la suite] sera publiée ». L’intégralité de son texte sera disponible sur le site de la revue consacrée à la géopolitique Le Grand Continent.
« Je viens vous parler de cette puissance européenne qui peut, qui doit, qui va naître du chaos actuel », a lancé Raphaël Glucksmann, grillant la politesse à Emmanuel Macron, qui doit, lui aussi, mettre « l’Europe puissance » au cœur de son deuxième discours de la Sorbonne, jeudi. Tout au long de son intervention, qui a duré un peu plus d’une heure, il a vanté les mérites d’une Europe « souveraine », reprenant là aussi une thématique chère au chef de l’Etat, qui avait irrigué son premier discours de la Sorbonne en 2017.
« Il y avait de très bonnes idées dans le [premier] discours de la Sorbonne », a reconnu le candidat du PS, et notamment la nécessité d’une autonomie stratégique de l’Europe. Mais, dès lors qu’il avait plaidé, en août 2019, pour un rapprochement entre l’Union européenne et la Russie, juge Raphaël Glucksmann, Emmanuel Macron « a tué le discours de la Sorbonne ».
« Réarmer notre continent »
Sans doute l’essayiste de 44 ans, qui, mercredi soir, a cité les philosophes allemands Hegel et Hölderlin, s’attend-il à être une nouvelle fois séduit par la nouvelle intervention du chef de l’Etat dans le grand amphithéâtre de l’université parisienne. Mais il faut se souvenir de « l’ensemble [de ses] reculs et trahisons » depuis sept ans, a-t-il intimé à son auditoire. En écoutant le discours de jeudi, « il faut que nous ayons tous en tête cette phrase d’Hamlet : “Words, words, words” [“des mots, des mots, des mots”] », a-t-il insisté. Avant de conclure, un brin potache : « Nous ne sommes pas des poissons rouges. »
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