Une cour d’appel de New York a annulé, jeudi 25 avril, la condamnation pour viol et agressions sexuelles de l’ex-producteur star d’Hollywood Harvey Weinstein en 2020, et ordonné un nouveau procès. La cour d’appel a estimé que des erreurs de procédure avaient été commises durant ce procès, qui avait constitué une victoire pour le mouvement #metoo.
L’un des avocats de Harvey Weinstein a salué cette décision, estimant qu’il s’agissait d’un « grand jour pour les Etats-Unis ». « Nous savions que Harvey Weinstein n’avait pas eu droit à un procès équitable », a déclaré, lors d’une conférence de presse, Arthur Aidala, évoquant le témoignage, durant le procès, de plusieurs victimes présumées qui n’étaient pas directement concernées par les faits poursuivis.
Harvey Weinstein, 72 ans, purge une peine de vingt-trois ans dans une prison de New York après avoir été reconnu coupable d’actes sexuels criminels, pour avoir pratiqué de force des relations sexuelles sur une assistante de production télévisuelle et cinématographique en 2006, et de viol au troisième degré pour une attaque contre une actrice en 2013.
M. Weinstein a fait appel de sa condamnation pour viol et agression sexuelle en 2020 devant le plus haut tribunal de New York à l’automne 2023. Selon l’une des juges de la cour d’appel, des témoignages portant sur d’autres faits que ceux commis contre les personnes plaignantes avaient notamment été admis « de façon erronée ». Or, ces témoignages avaient « dépeint une image hautement préjudiciable » de M. Weinstein.
« C’est injuste pour les survivants »
« La solution à ces erreurs choquantes est un nouveau procès », a poursuivi cette juge, Jenny Rivera. Au total, quatre juges se sont prononcés pour l’annulation de cette condamnation et trois contre. « Avec cette décision, la cour continue à contrecarrer les victoires régulières pour lesquelles les survivantes de violences sexuelles se sont battues », a pour sa part écrit la juge Madeline Singas, qui s’est prononcée contre la décision prise jeudi. « Les femmes qui portent le traumatisme de violences sexuelles et les blessures des témoignages répétés sont oubliées », a-t-elle ajouté.
L’actrice Alyssa Milano avait aidé à faire exploser le mouvement #metoo, hashtag créé onze ans avant l’affaire Weinstein par la militante afro-américaine Tarana Burke. « Le système judiciaire n’a jamais bénéficié aux survivantes dans ce pays », a fustigé jeudi devant la presse Tarana Burke. « Parce que ces femmes courageuses dans cette affaire ont brisé le silence, des millions et des millions d’autres ont trouvé la force de s’exprimer, a-t-elle rappelé. Ce sera pour toujours une victoire. »
Un groupe de victimes de Harvey Weinstein a dénoncé comme « profondément injuste » cette annulation. « La nouvelle d’aujourd’hui n’est pas seulement démoralisante, elle est aussi profondément injuste », a écrit, dans un communiqué, le groupe Silence Breakers, qui rassemble des femmes qui avaient dénoncé, au sein du mouvement #metoo, les agissements du producteur.
Plusieurs actrices, qui avaient accusé le producteur, ont dit leur dépit. Pour Rosanna Arquette, « il est regrettable que le tribunal ait annulé sa condamnation ». « En tant que survivante, je suis très déçue », a indiqué l’accusatrice de Weinstein au Hollywood Reporter. « C’est injuste pour les survivants. Nous vivons notre vérité. Nous savons ce qui s’est passé », a protesté Ashley Judd, la première actrice à avoir formulé des accusations contre le producteur, sur Instagram. Mira Sorvino s’est quant à elle dite « horrifiée ». « C’est un prédateur en série prolifique qui a violé/porté atteinte à plus de 200 femmes ! Je suis dégoûtée par le système judiciaire, qui ne reconnaît que les prédateurs et non les victimes », a écrit l’actrice et accusatrice sur le réseau X.
« Un immense pas en arrière »
Harvey Weinstein a par ailleurs été reconnu coupable à Los Angeles en 2022 d’un autre viol et condamné à seize ans de prison. Il a été acquitté à Los Angeles pour des accusations impliquant l’une des femmes qui ont témoigné à New York, et n’a jamais reconnu publiquement autre chose que des relations consenties.
La décision prise jeudi « est un immense pas en arrière », a réagi l’avocat Douglas Wigdor, qui a représenté deux témoins du procès new-yorkais. « Les tribunaux admettent régulièrement des preuves sur des actes ne faisant pas l’objet d’inculpations, pour aider les jurés à comprendre les problématiques concernant les intentions, les modes opératoires ou les procédés du prévenu », a-t-il déclaré.
Depuis 2017, des dizaines de femmes, dont Angelina Jolie et Gwyneth Paltrow, ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement, d’agressions sexuelles ou de viols. Mais le délai de prescription a été dépassé dans nombre de ces affaires.
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