Trois mois après des attaques de missiles des deux côtés de la frontière irano-pakistanaise au Baloutchistan, le président iranien, Ebrahim Raïssi, a effectué une visite de trois jours au Pakistan, qui devait s’achever mercredi 24 avril. Il s’agissait, en premier lieu, d’apaiser la situation entre les deux voisins et de sécuriser leur frontière commune.
Le 16 janvier, Téhéran avait procédé à un tir de missile et d’attaques de drones en territoire pakistanais contre des groupes militants baloutches, tuant deux enfants. Islamabad avait rappelé son ambassadeur et répliqué, deux jours plus tard, en visant des caches de « terroristes » baloutches en Iran, première attaque militaire étrangère contre le territoire iranien depuis la fin de la guerre Iran-Irak, en 1988. Heureusement, les deux protagonistes s’étaient rapidement engagés dans la désescalade. Téhéran avait dépêché son chef de la diplomatie, Hossein Amir Abdollahian, à Islamabad pour rétablir les liens.
Pour les deux voisins, au-delà des enjeux sécuritaires, il s’agit aussi de relancer les échanges bilatéraux. L’Iran et le Pakistan entretiennent des relations complexes, même si l’apaisement entre l’Arabie saoudite et l’Iran a donné au Pakistan plus de possibilités de dialogue avec Téhéran. Jusqu’alors, les échanges commerciaux sont restés sous-dimensionnés.
« Gazoduc de la paix »
Le président est le premier haut dignitaire iranien à se rendre à Islamabad depuis huit ans, et le premier hôte du nouveau premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, élu dans des conditions contestées après le scrutin du 8 février, malgré l’avance des partisans d’Imran Khan. Ebrahim Raïssi a rencontré également l’incontournable général Asim Munir, chef de l’armée, qui garde la haute main sur la défense et les affaires étrangères. Le pays est confronté à un regain de violence dû à deux groupes principaux, les talibans du Tehrik-e-Taliban Pakistan, une organisation affiliée à Al-Qaida, et les insurgés baloutches, qui s’en prennent aux forces de sécurité.
« Les deux pays sont déterminés à lutter contre le terrorisme, le crime organisé, les stupéfiants et les différentes formes et manifestations d’insécurité qui mettent en danger nos deux pays et en même temps la région », a assuré le président iranien. Quant au développement économique, M. Raïssi souhaite porter les échanges commerciaux à 10 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années. Les deux partenaires en sont très loin, le volume du commerce bilatéral ne dépassant pas 2 milliards de dollars.
Il vous reste 51.99% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
