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En Inde, l’islamophobie gagne la campagne électorale

Le premier ministre indien, lors d’un meeting pour les élections législatives, a qualifié, sans les nommer, les musulmans « d’infiltrés » faisant « le plus d’enfants ».

Par  (New Delhi, correspondante)

Publié le 23 avril 2024 à 13h12, modifié le 23 avril 2024 à 18h01

Temps de Lecture 3 min.

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Collage d’une affiche du premier ministre indien, Narendra Modi, près d’un bureau de vote lors de la première phase des élections générales indiennes à Jammu (Inde), le 19 avril 2024.

Le masque n’a pas tardé à tomber. Deux jours après l’ouverture des bureaux de vote pour les élections législatives qui se termineront le 1er juin, Narendra Modi, en première ligne dans la campagne de son parti, s’est laissé aller à une diatribe ouvertement islamophobe. Lors d’un meeting au Rajasthan, dans la région tribale de Bhanswara, dimanche 21 avril, le premier ministre indien a ciblé et stigmatisé les musulmans, sans les nommer.

Il a accusé le Congrès, le principal parti d’opposition, de vouloir distribuer « la richesse nationale » « à ceux qui ont le plus d’enfants, les infiltrés », affirmant que le gouvernement de Manmohan Singh, son prédécesseur, avait déclaré que les musulmans avaient « le premier droit sur les ressources de la nation ». « Cela signifie qu’ils rassembleront toutes vos richesses et les distribueront à qui ? – A ceux qui ont le plus d’enfants. Ils les redistribueront aux infiltrés. Pensez-vous que l’argent que vous avez durement gagné devrait être donné aux infiltrés ? Approuvez-vous cela ? », a-t-il lancé à la foule, sous les applaudissements. Les sous-titres n’étaient pas nécessaires pour comprendre.

Ses allusions font écho à une vieille rengaine des nationalistes hindous et à une théorie élaborée par eux, la thèse du grand remplacement, baptisée « love djihad ». Sa formation, le Bharatiya Janata Party (BJP), soutient que les musulmans – 200 millions d’Indiens – constituent une menace pour les hindous sur le plan démographique, car ils auraient élaboré une stratégie destinée à prendre le contrôle de l’Inde en faisant des enfants et en dépassant démographiquement les hindous. Ils séduiraient les femmes hindoues dans le seul but de les convertir. Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Modi en 2014, plusieurs Etats gouvernés par le BJP ont ainsi adopté des lois anticonversion, très stigmatisantes et menaçantes pour les minorités religieuses, musulmanes et chrétiennes, dont les membres peuvent se retrouver en prison sur de simples accusations de vouloir convertir les hindoues.

Indignation

La grande organisation d’extrême droite, à laquelle est rattaché le BJP, le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), a fait des musulmans les ennemis de la nation. Elle fut dirigée à partir de 1940 par un responsable, Golwalkar, qui s’inspirait d’Adolf Hitler et faisait l’éloge de l’Allemagne nazie, exemple selon lui de « la fierté raciale ». Cet homme très influent, très admiré par Narendra Modi affirmait que les minorités devaient être traitées comme les nazis traitaient les juifs. Pour ce partisan d’une Inde uniquement hindoue, chrétiens et musulmans constituent des « menaces internes ».

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