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La justice italienne disculpe les ONG d’aide aux migrants de tout lien avec les passeurs libyens

Depuis 2017, l’extrême droite accusait des ONG de participer aux trafics d’êtres humains en Mediterranée. Un premier jugement lui donne tort.

Par  (Rome, correspondant)

Publié le 20 avril 2024 à 08h31, modifié le 20 avril 2024 à 09h29

Temps de Lecture 3 min.

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Le « Iuventa », un navire de sauvetage géré par l’ONG allemande Jugend Rettet (« la jeunesse sauve »), navigue au large des côtes libyennes, lors d’une mission de sauvetage en mer Méditerranée, le 4 novembre 2016.

Dans une Italie dirigée par un gouvernement de droite et d’extrême droite qui n’a cessé de les prendre pour cibles, les organisations non gouvernementales (ONG) de sauvetage en mer ont remporté, vendredi 19 avril, une rare victoire. Un non-lieu a été prononcé au tribunal de Trapani (Sicile) dans une affaire tentaculaire aux multiples péripéties depuis 2017, entre instrumentalisations politiques et troubles intrigues policières.

Les trois ONG Jugend Rettet, Save the Children, Médecins sans frontières ainsi que vingt et un de leurs membres étaient soupçonnés de s’être livrés à des actions favorisant l’immigration clandestine vers l’Italie. Il leur était notamment reproché d’avoir fait monter à bord, lors d’opérations de sauvetage menées en 2016 et 2017, des personnes qui ne se trouvaient pas en situation de danger en mer et de s’être coordonnées avec des trafiquants libyens pour transborder des groupes de migrants.

Les accusations lancées au fil de l’affaire résonnaient ainsi avec le discours selon lequel les ONG constitueraient un facteur d’attraction des flux de migrants en Méditerranée centrale, ce qu’elles dénoncent comme une tentative de criminalisation du secours en mer par les autorités. A Trapani, dix des accusés ont été acquittés, le juge ayant suivi la requête des procureurs formulée en février. Les onze autres doivent comparaître devant d’autres tribunaux qui, selon la défense, devraient se ranger derrière la décision de vendredi.

« La décision du tribunal de Trapani, la meilleure que l’on pouvait espérer, est un signal politique majeur car l’affaire a toujours été utilisée par ceux qui prétendent avec des arguments désormais caducs que les ONG participent au trafic d’êtres humains », se félicite Francesca Cancellaro, avocate des membres de l’équipage de Iuventa, le bateau de Jugend Retter, placé sous séquestres dans le port de Trapani depuis août 2017. « Cette décision aura une valeur pour tous les procès à venir et ouvre des perspectives de décriminalisation des ONG. Nous avons gagné la défense, nous pouvons maintenant passer à l’attaque », poursuit-elle.

Contrôle des actions des ONG

A l’origine de l’affaire se trouve le rôle trouble de deux anciens policiers, engagés comme agents de sécurité privée à bord du Vos Hestia, le navire utilisé par l’ONG Save the Children en Méditerranée centrale en 2016. Après avoir participé à des missions de secours, ces derniers se sont adressés aux services de renseignement intérieur italiens ainsi qu’à des responsables politiques dont le futur ministre de l’intérieur d’extrême droite Matteo Salvini (Ligue) en accusant les ONG de travailler avec des trafiquants libyens. L’enquête judiciaire s’inscrit ensuite dans un contexte particulier, correspondant au moment où les autorités italiennes, exposées à une intensification des flux migratoires à partir de 2015, modifient leurs relations aux ONG.

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