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Les enfants de la famille ont réalisé cet objet en souvenir de leur ancien pays. Quartier de la Villeneuve, dans la banlieue de Grenoble. Le 29 mars 2024.
SOPHIE RODRIGUEZ POUR « LE MONDE »

La nouvelle vie de familles franco-palestiniennes ayant pu fuir Gaza : « Je me suis faite à l’idée qu’on ne retournera pas là-bas avant longtemps »

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Publié le 19 avril 2024 à 04h45, modifié le 20 avril 2024 à 05h13

Temps de Lecture 6 min. Read in English

Ce mercredi du début du mois d’avril, Maryam a décidé de ne pas envoyer ses trois fils à l’école. Cette Palestinienne de Gaza, évacuée en France avec son mari en novembre 2023, doit passer sa journée à nettoyer l’appartement qu’ils ont récupéré la veille, dans une ville du sud-ouest de la France. « Les mercredis, les garçons n’ont cours que le matin. Il me faut en tout quatre heures de bus pour les déposer à l’école et les ramener. J’ai donc demandé à leur institutrice de les autoriser à s’absenter aujourd’hui », dit la femme de 42 ans, qui préfère utiliser un prénom d’emprunt, comme les autres Gazaouis cités dans cet article.

Sami, Maryam (des noms d’emprunt) et leurs trois garçons de 6 ans et demi, dans l’appartement où ils viennent d’emménager, dans le sud-ouest de la France, le 3 avril 2024. Ils vivaient jusque-là dans un apparthôtel.

Les trois fils de Maryam, des triplés âgés d’un peu plus de 6 ans, sont en pyjama et jouent à un jeu en ligne de karaté sur leur tablette, tandis que leur mère ouvre des cartons. Sami, son mari franco-palestinien, enchaîne les cigarettes, alors qu’un technicien installe Internet et branche la télévision. « S’il y a Gulli, on sera tranquilles, glisse Sami, 55 ans. Depuis leur arrivée en France, les enfants ont pris l’habitude de regarder les dessins animés sur la chaîne. »

La nuit du mardi au mercredi était la première que cette famille a passée dans cet appartement, au quatrième étage d’une résidence. Avant, durant presque cinq mois, Sami et sa famille ont été logés dans un apparthôtel, loin du centre-ville. Sami, qui a les deux jambes amputées au niveau des genoux à cause d’une maladie génétique rare, et qui marche depuis des années grâce à des prothèses, a beaucoup souffert dans cet ancien domicile : « Pour accompagner les enfants, je devais marcher en montée, pendant une dizaine de minutes, jusqu’à l’arrêt de bus. Et quand il pleuvait, le terrain devenait glissant et c’était encore plus difficile pour moi. En plus, mes prothèses sont abîmées », explique-t-il. Pour les faire changer, Sami attend d’obtenir sa carte Vitale et la carte mobilité inclusion – accordée aux personnes en situation de handicap ou âgées et en perte d’autonomie –, qui tardent à arriver.

Les enfants de Sami et de Maryam jouent tandis que la famille s’installe dans le nouvel appartement, dans le sud-ouest de la France, le 3 avril 2024.

Ce fils de paysans expropriés de leur ferme, près d’Ashkelon (au nord de la bande de Gaza), lors de la création d’Israël, en 1948, qui a témoigné dans Le Monde peu après son évacuation de Gaza, a fait ses études en France dès 1987 et a passé son diplôme de troisième cycle à la Sorbonne. Après diverses missions comme travailleur humanitaire, en Afrique, en Jordanie et au Yémen, il était retourné vivre et travailler dans la bande de Gaza en 2010, pour le compte d’une ONG.

Lire aussi les témoignages : Article réservé à nos abonnés « On attendait la mort, tout le temps » : récits de Franco-Palestiniens évacués de Gaza

Lorsque la guerre éclate, le 7 octobre 2023, avec l’attaque du Hamas contre Israël et la riposte israélienne, la famille de Sami, comme beaucoup d’autres, se réfugie dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younès, puis à Rafah, avant d’être évacuée en Egypte et de s’envoler pour la France. Sami a proposé de s’installer avec sa famille dans le Sud-Ouest, pour être proche d’un neveu et de quelques amis. Il continue de superviser, à distance, les activités de son ONG à Gaza.

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