Des milliers de Géorgiens ont continué à manifester à Tbilissi, mardi 16 avril au soir, après un premier vote au Parlement en faveur d’un projet de loi controversé sur les « agents de l’étranger », qui avait déjà été à l’origine de manifestations d’ampleur en 2023. Les députés ont adopté une première version du projet de loi par 78 voix contre 25, permettant au processus législatif de se poursuivre.
« Non à la loi russe ! », ont scandé plusieurs milliers de protestataires réunis dans le centre de la capitale, rassemblés devant le Parlement au moment où celui-ci commençait l’examen du texte. La foule a bloqué ainsi une des artères principales de la ville, tandis que la police antiémeute a sécurisé les entrées de l’édifice, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse. Dans un communiqué, le ministère de l’intérieur géorgien a affirmé qu’un agent de police avait été blessé. Il a appelé les contestataires à « cesser leurs actions illégales ».
Les opposants au texte, à l’origine du rassemblement, jugent le texte liberticide et comparable à une législation russe utilisée par le Kremlin depuis des années pour persécuter les voix dissidentes. La présidente du pays, Salomé Zourabichbili − en conflit avec le parti au pouvoir, Rêve géorgien, qui dispose de la majorité au Parlement et devrait être en mesure de faire adopter le texte − l’a ainsi condamné, le qualifiant de « contraire à la volonté de la population ». Selon elle, « il s’agit d’une provocation directe, d’une stratégie russe de déstabilisation ».
La loi « éloignera la Géorgie de l’UE », selon Bruxelles
S’il est adopté, le texte prévoit que les organisations qui reçoivent plus de 20 % de leur financement de l’étranger soient obligées de s’enregistrer en tant qu’« organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère », sous peine d’amendes. Le gouvernement assure que cette loi apportera plus de « transparence » dans le financement des organisations, mais ses détracteurs craignent qu’elle ne soit utilisée comme outil de répression contre les ONG et les médias indépendants.
Lundi soir, environ 10 000 personnes avaient déjà manifesté contre ce projet de loi, la police procédant à quatorze arrestations au cours de ce rassemblement. Les députés du pouvoir et de l’opposition en Géorgie en sont venus lundi aux mains au cours d’un échange sur le texte, provoquant une bagarre générale dans l’hémicycle.
L’Union européenne (UE), que la Géorgie ambitionne de rejoindre, a demandé l’abandon du texte, estimant qu’il allait à l’encontre du programme de réformes que le pays doit entreprendre pour progresser sur la voie de l’adhésion. Le projet de loi actuel « éloignera la Géorgie de l’UE au lieu de l’en rapprocher », a affirmé, mardi sur X, le président du Conseil européen, Charles Michel.
Une première mouture du projet de loi avait été abandonnée en mars 2023 après des manifestations de protestation massives qui avaient été dispersées par la police à coups de gaz lacrymogène et de canons à eau.
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