Après deux jours d’échanges de feu à Gaza, le Jihad islamique, groupe armé radical de l’enclave palestinienne, a annoncé l’entrée en vigueur d’une trêve, jeudi 14 novembre à l’aube. En dépit de tirs de roquettes qui se sont poursuivis dans la matinée, elle paraît appelée à mettre fin, pour l’heure, au cycle de violence le plus intense depuis le mois de mai. Une centaine de raids aériens ont fait au moins trente-quatre morts côté palestinien, dont au moins vingt militants, selon l’armée israélienne, mais aussi huit membres d’une même famille, dont cinq enfants, tués peu avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Aucune victime n’était à déplorer en Israël. En mai, quatre civils avaient été tués.
Cette séquence entérine surtout une communauté d’action sans précédent de l’armée israélienne avec le Hamas, le maître de l’enclave, qui semble s’être tenu de bout en bout à l’écart des combats. Israël a rompu avec sa doctrine passée, qui consistait à punir le Hamas pour toute attaque menée par les factions de Gaza, en s’attachant cette fois-ci à frapper exclusivement le Jihad islamique.
L’armée estime avoir affaibli l’organisation en assassinant l’un de ses commandants, présenté comme « incontrôlable », Baha Abou Al-Ata, et en visant l’un de ses responsables politiques à Damas, dans une frappe aérienne que Tsahal n’a pas reconnue, puis en pilonnant ce groupe à Gaza.
Intimement lié au Hamas, le Jihad islamique professe son opposition à une trêve non officielle, conclue depuis plus d’un an par l’organisation dominante avec Israël. Cet accord, fruit de négociations inédites menées notamment avec l’aide de l’Egypte, a permis un allégement limité, mais significatif, du blocus imposé à l’enclave depuis 2007. Dans cette dernière opération, Israël s’est aussi immiscé dans les équilibres entre les factions, forçant la main du Hamas, en espérant conforter ce dernier face à des éléments jugés plus radicaux. Il reste à déterminer si l’élimination d’un simple commandant régional de l’une des factions, selon un plan dont la maîtrise opérationnelle fascine en Israël, valait de paralyser la moitié sud du pays durant deux jours, et de risquer une escalade vers la guerre.
« Empêcher l’escalade de mener à une guerre »
Le Jihad islamique a tiré quelque 450 roquettes, principalement de courte portée. Mardi soir, il avait concentré ses efforts sur la barrière de sécurité qui ceint l’enclave, avec des tirs de snipers et de missiles antitanks. Son échec à frapper une cible de valeur laisse le mouvement sans image forte à exploiter, sinon ce fait : il a été le seul à incarner la « résistance » armée face à Israël durant deux jours.
Mardi soir, dans une interview à la chaîne libanaise Al-Mayadeen, le secrétaire général du Jihad islamique, Ziyad Al-Nakhalah, a affirmé que le mouvement avait démontré qu’il pouvait paralyser Israël. M. Nakhalah se serait rendu dans la soirée au Caire, pour négocier avec les services de renseignement égyptiens. Le coordinateur de l’ONU, Nickolay Mladenov, a salué cette médiation mercredi : « L’Egypte et l’ONU ont travaillé dur pour empêcher la plus dangereuse escalade dans et autour de Gaza de mener à une guerre », estimait-il.
M. Nakhalah avait auparavant énoncé une liste minimale de demandes : la fin des assassinats ciblés israéliens et des tirs à balles réelles lors des manifestations orchestrées par les factions de Gaza sur la barrière de sécurité, ainsi qu’un allégement du blocus imposé à l’enclave. Un tel assouplissement est attendu : Israël devra désormais renforcer le Hamas face aux critiques pour son inaction.
Contribuer
Réutiliser ce contenu