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« Rien de bon ne peut sortir de l’instrumentalisation, par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, des peurs des Juifs et des Arabes de France »

Les constructions politiques autour des massacres du 7 octobre 2023 et de ceux de Gaza ont en commun de marginaliser les discours sensés condamnant à la fois le Hamas et la politique de Benyamin Nétanyahou, explique, dans sa chronique, Philippe Bernard, éditorialiste au « Monde ».

Publié le 05 mai 2024 à 06h15, modifié le 05 mai 2024 à 18h44 Temps de Lecture 3 min.

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Depuis la guerre d’Algérie, la haine des « Arabes », puis des « musulmans » n’a cessé d’être un fonds de commerce central de l’extrême droite française. A la génération qui n’avait pas digéré la perte de l’Algérie a succédé celle qui prospère en désignant les immigrés comme la cause de tous les maux du pays.

Longtemps, cette obsession a été surplombée par un antisémitisme affiché, puisant ses racines dans Maurras et la collaboration avec l’Allemagne nazie, que Le Pen père ne faisait rien pour masquer. En face, la gauche et l’extrême gauche, en dépit de vieux dérapages, étaient le camp historique des opposants au racisme et à l’antisémitisme. La plupart des Juifs et des Arabes de France tendaient à s’y retrouver, réunis par l’hostilité à leur ennemi commun : les porteurs de préjugés et de haine à leur égard.

Tout se passe comme si les massacres du 7 octobre 2023 perpétrés par le Hamas et la guerre israélienne à Gaza accéléraient l’obsolescence déjà avancée de ce schéma, pour conforter un dramatique chassé-croisé : l’extrême droite de Marine Le Pen profite des événements à la fois pour faire oublier son antisémitisme – voire prétendre défendre les juifs, l’un des aspects les plus audacieux de sa « dédiabolisation » – et alimenter sa stigmatisation des musulmans.

Attendus au tournant

De son côté, la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon croit conquérir des voix musulmanes en faisant de la tragédie de Gaza le centre de sa campagne pour les élections européennes, quitte à s’aliéner de nombreux juifs en confondant « juifs », « Israéliens », « sionistes » et « colonialistes », l’hostilité à l’égard du gouvernement d’Israël et la négation de l’existence de ce pays.

Que l’avocat Arié Alimi, compagnon de route des gauches radicales, signe un livre sur ses déchirements de juif de gauche (Juif, français et de gauche… dans le désordre, La Découverte, 144 pages, 14 euros) et affirme dans Le Monde, le 7 avril, que « depuis le 7 octobre, la parole antisémite émane plutôt, en termes de volume, des organisations de gauche » donne la mesure du trouble.

Pas facile pour les étudiants de Sciences Po et d’ailleurs, sincèrement révoltés par le pilonnage des civils de Gaza par Israël et la passivité de l’Occident, d’échapper à ce contexte où ils sont attendus au tournant à chaque mot, à chaque slogan. Pour Alice (les prénoms des personnes citées ont été changés), étudiante en cinquième année, « les accusations d’antisémitisme sont des pièges que l’on nous tend, mais qui me semblent insultantes. Les souffrances de chaque protagoniste sont totalement prises en compte par nos slogans ».

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