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Laure Quennouëlle-Corre, historienne : « Notre dette est devenue structurelle du fait des déficits passés »

La chercheuse raconte, dans un entretien au « Monde », la construction du consensus sociopolitique autour du creusement du déficit public de la France.

Propos recueillis par 

Publié le 29 avril 2024 à 06h00, modifié le 30 avril 2024 à 09h51

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Laure Quennouëlle-Corre.

Historienne, directrice de recherche au CNRS et rattachée au Centre de recherches historiques de l’Ecole des hautes études en sciences sociales où elle est une des animatrices du Groupe d’histoire économique, Laure Quennouëlle-Corre est une spécialiste des questions financières et monétaires. Elle retrace dans son ouvrage Le Déni de la dette (Flammarion, 368 pages, 21 euros) la construction si spécifique de la relation des Français avec leur Etat, entre demande de protection et soupçon d’inefficacité, au prix d’un consensus plus ou moins camouflé et plus ou moins conscient sur la progression constante de la dette publique.

L’annonce, par l’Institut national de la statistique et des études économiques, le 26 mars, d’un dépassement en 2023 du seuil de 3 000 milliards d’euros de dette publique (110,26 % du produit intérieur brut – PIB) a-t-elle créé un choc qui permettrait de faire reculer ce que vous appelez « le déni de la dette » ?

Le sujet de la dette publique revient régulièrement dans le débat politique français, à diverses occasions offertes par l’actualité : au moment du traité de Maastricht [1992], lors du débat sur la « cagnotte » d’un supposé surplus budgétaire [1999], lors de la campagne présidentielle de 2007, ou bien lorsqu’une agence de notation « dégrade » la signature de la France. Puis le soufflé retombe et on n’en parle plus jusqu’à la prochaine occasion. La dette, ou la façon d’y remédier, n’a jamais été au centre d’un programme politique, l’enjeu d’une campagne électorale, et a fortiori d’une élection. La Cour des comptes a été cette fois-ci encore un « lanceur d’alerte », mais c’est son rôle habituel. S’il y a choc, c’est au sein des pouvoirs publics et d’un milieu restreint, qui craint que ces mauvais chiffres ne renforcent la pression extérieure, du côté de Bruxelles comme des marchés financiers.

Mais justement, est-ce un « problème », quand on voit que la France n’a pas connu de budget à l’équilibre depuis 1975, sans grave conséquence économique, que l’ensemble des pays développés ont des niveaux de dette comparables, que les émissions d’obligations du Trésor français sont souscrites plusieurs fois à des taux encore très faibles ?

Oui c’est un problème, parce que la France doit faire face à un mur d’investissements pour financer la transition énergétique, la sécurité nationale (et européenne) face aux Etats autoritaires, les technologies d’intelligence artificielle, etc. Or, elle ne dispose plus de marge de manœuvre, en raison de l’accumulation des déficits antérieurs, de la hausse des taux, et de l’union monétaire qui la prive de l’arme de la dévaluation. Notre dette est devenue structurelle du fait des déficits passés.

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