Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Il faut que l’aide à mourir relève d’un juge et non de la décision des médecins »

La décision de mourir est une affaire de liberté et non un soin médical parmi d’autres, rappellent, dans une tribune au « Monde », les philosophes Jean Baubérot-Vincent et François Galichet. Ils préconisent, pour soutenir les patients en fin de vie, un collège d’accompagnants bénévoles membres d’associations agréées, lié à la justice.

Publié le 25 avril 2024 à 08h00 Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

La tribune de Philippe Courtet et Emilie Olié, « L’aide à mourir ne doit pas être laissée à la seule appréciation du patient » (Le Monde, 10 avril), soulève beaucoup de questions. Les deux psychiatres affirment que la dépression peut altérer la capacité d’un malade à prendre des décisions éclairées, même dans le cas de maladies corporelles comme le cancer. L’acte suicidaire ne serait qu’« une réponse désespérée à une douleur psychologique insupportable » ; or celle-ci, d’après eux, peut toujours être soulagée par des traitements médicamenteux appropriés. Ils concluent à « la nécessité d’une évaluation psychiatrique approfondie pour tous les patients demandant une aide à mourir ». La décision d’aide à mourir « doit être fondée sur une évaluation médicale ».

On peut se demander si cette exigence n’est pas contradictoire avec la loi Kouchner, qui garantit le droit du patient à refuser un traitement, y compris par des directives anticipées. Dans le cas de la mort délibérée, le patient refuse tout soin médical pour lui préférer un acte de liberté personnelle. Mais, si nous suivons la proposition de la précédente tribune, il devrait d’abord avoir l’accord du médecin psychiatre qui garantirait « sa capacité à prendre des décisions éclairées » et, s’il le juge « dépressif », lui prescrirait un traitement à base d’antidépresseurs et d’antalgiques !

Le patient serait ainsi considéré comme ayant assez de discernement pour refuser un traitement (loi Kouchner), mais pas assez pour bénéficier d’une aide à mourir. Il se trouverait enfermé dans un cercle inextricable : pour exercer son droit de refuser tout traitement médical et bénéficier d’une aide à mourir, il aurait l’obligation de se soumettre à une expertise médicale qui déciderait souverainement s’il peut ou non exercer son droit. Ce que le pouvoir médical abandonne d’une main, il le reprend de l’autre.

Comment sortir de ce cercle ? En France et dans tous les Etats démocratiques, il y a une autorité supérieure à celle du médecin : c’est celle du juge. Si une personne fait l’objet d’un internement psychiatrique contre sa volonté sur prescription médicale, elle peut faire appel à au juge des libertés qui pourra la libérer même contre l’avis du médecin. Pareillement, c’est un juge qui décide la mise en tutelle d’une personne ; il prend l’avis d’un médecin, mais n’est pas tenu de le suivre.

Jurisprudence européenne

Qui peut contester que la décision de mourir relève de la liberté, et non d’un simple soin médical parmi d’autres, fût-il « ultime » ? C’est en tout cas l’avis de la Cour européenne des droits de l’homme, qui dans plusieurs arrêts récents en fait une situation relevant de l’article 8 de la Convention des droits de l’homme, relatif au droit de chacun à mener sa vie privée comme il l’entend.

Il vous reste 59.11% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.