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« Le déficit de la France est inquiétant car il est instrumentalisé pour justifier des politiques publiques de coupes budgétaires »

Le déséquilibre des dépenses publiques est moins préoccupant par sa taille que par le manque de transparence qu’il révèle, affirme l’économiste Philippe Askenazy dans sa chronique.

Publié le 17 avril 2024 à 14h00, modifié à 09h52 Temps de Lecture 2 min.

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Il aura suffi que l’Insee annonce un déficit public dégradé en 2023 pour enclencher un vif débat. On pourrait le balayer : quelques dixièmes de point de PIB de plus ne fragilisent guère la position de la France au moment où les déficits dérapent aussi au Royaume-Uni et encore plus aux Etats-Unis (6,3 % en 2023).

L’argument d’une dette publique insoutenable pour les générations futures n’est pas plus probant sauf à penser que l’ensemble du monde avancé serait menacé. La dette publique française par jeune de moins de 15 ans est ainsi banale au sein du G7 : autour de 260 000 euros, contre, après conversion, l’équivalent de 130 000 au Canada, 220 000 en Allemagne, 270 000 au Royaume-Uni, 380 000 en Italie, près de 450 000 aux Etats-Unis et… 600 000 au Japon.

Cependant, le déficit de la France est inquiétant. Inquiétant, car il est instrumentalisé pour justifier des politiques publiques de coupes dans les budgets de services publics et de la transition, et bientôt dans les prestations sociales. Inquiétant, car les dirigeants de deux grandes institutions indépendantes du politique – Banque de France et Cour des comptes – ont eu des réactions aisément taxables d’idéologiques : il faut s’occuper « enfin sérieusement des dépenses » pour la première, et « une préférence collective pour la dépense » pour la seconde.

Pourtant, les questionnements sur les recettes sont légitimes. Le déficit actuel vient comptablement de leur dégradation relative. Elles sont estimées par l’Insee à 51,9 % du PIB en 2023, contre 54,2 % en 2017. Le premier ministre parle de taxer les rentes, mais cette chute n’est-elle pas justement le révélateur des rentes ainsi générées ? D’abord par le rent seeking (« recherche de rente »), la capacité d’influer à son intérêt sur la décision publique : comment en effet comprendre que l’impôt sur les sociétés ait été abaissé, les impôts de production coupés, sans que soit remise en cause une multiplicité de dépenses publiques (crédit d’impôt recherche, subventions) et de portes ouvertes à l’optimisation fiscale, au nom précisément du poids trop élevé de ces impôts ?

Système sociofiscal de plus en plus enchevêtré

Ensuite, par les rentes de marché, tant sur les consommateurs que sur les travailleurs : la remontée des marges des sociétés vient ajouter à l’érosion des recettes publiques, le capital étant désormais bien moins taxé que le travail.

Répondre à la perplexité des citoyens sur la dépense serait aussi utile : comment des dépenses en hausse peuvent-elles se traduire par des services publics affaiblis ? Les méandres d’un système sociofiscal de plus en plus enchevêtré offrent pourtant des pistes.

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