Interrogé en marge de son déplacement à Bruxelles sur la campagne des élections européennes, Emmanuel Macron a ciblé, sans le nommer, le Rassemblement national (RN) dont la liste conduite par Jordan Bardella caracole en tête des sondages.
« Je pense qu’il y a beaucoup de peurs, d’inquiétudes dans le moment que nous vivons et que ces colères profitent toujours aux réponses les plus simplistes », a déclaré le chef de l’Etat français lors de son arrivée, mercredi 17 avril, dans la capitale belge avant la tenue d’un sommet européen, au cours d’un bref échange avec la presse aux côtés de la tête de liste de son camp aux européennes, Valérie Heyer. « Il y a aujourd’hui une espèce d’hypocrisie du débat et j’espère qu’en rentrant dans les prochaines semaines dans celui-ci, cette hypocrisie sera levée », a ajouté M. Macron, visant en creux le RN.
Il s’agissait de la première apparition publique du chef de l’Etat et de Mme Hayer depuis le début de la campagne, avant qu’ils n’assistent ensemble à une réunion du groupe Renew Europe.
La candidate du camp présidentiel peine pour l’instant à imprimer sa marque dans la campagne. « On s’organise, on a la bonne candidate (…) On a surtout les bonnes idées, celles qui se sont mises en place en Europe ces dernières années », a lancé M. Macron, interpellé par un journaliste.
La séquence, postée par l’Elysée sur X, a aussitôt suscité la réaction de la France insoumise (LFI) qui a annoncé avoir saisi la commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques. « L’utilisation des moyens de l’Elysée pour faire la campagne de la liste soutenue par le président de la République est contraire aux règles de financement électorales », a déclaré le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, sur X. Le message en question de l’Elysée n’était, par ailleurs, plus accessible plus tard.
Une entrée en campagne sur le tard
La liste Renaissance reste largement distancée dans les sondages par celle du Rassemblement national (RN), qui ne cesse de creuser l’écart avec plus de 30 % d’intentions de vote. Donnée autour de 16 % d’intentions, elle est également talonnée par celle du PS-Place publique, menée par Raphaël Glucksmann.
Le camp présidentiel est suspendu à une entrée en campagne du chef de l’Etat, dont les contours n’ont pour l’heure pas été précisés, alors que le premier ministre, Gabriel Attal, reste discret en la matière. M. Macron fait le pari que la campagne ne démarrera réellement que dans la dernière ligne droite, un mois avant le vote du 9 juin, mais l’exécutif cible ces dernières semaines l’extrême droite, qu’il considère comme son principal adversaire dans le scrutin.
Depuis Bruxelles, Emmanuel Macron a ainsi mis en avant les contradictions du RN sur la question européenne, l’économie ou encore la diplomatie. « Ceux qui parfois il y a cinq ans disaient “la solution c’est sortir de l’euro”, ceux qui ne votent même pas la politique agricole commune mais ensuite disent à la maison aux agriculteurs “je vous défends”, ceux qui systématiquement ont essayé d’affaiblir l’Europe en quelque sorte ont les dividendes silencieux de notre propre politique proeuropéenne », a asséné Emmanuel Macron.
« Ils expliquent, “nous, on va rendre notre pays plus fort”. Si leur politique avait été suivie depuis cinq ans, on ne serait pas là pour parler de la même façon de notre Europe ! », a-t-il poursuivi, avant d’ajouter : « Ils auraient soigné [le Covid-19] à l’hydroxychloroquine, pris le vaccin russe, divisé l’Europe suite à l’agression russe. Ils n’auraient pris aucune sanction [contre la Russie], l’Ukraine aurait déjà été abandonnée. Et ils auraient abandonné aussi l’ambition européenne en matière de recherche et de technologie. »
Contribuer
Réutiliser ce contenu