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En Europe, le désarroi teinté de colère des territoires délaissés

« Les défis économiques d’une Europe fragilisée » (2/5). Si les économies des pays membres ont en moyenne convergé ces dernières années, les inégalités entre les régions peinent à se résorber. Certaines d’entre elles sombrent dans un marasme alimentant le vote de mécontentement.

Par ,  (Vienne, correspondant régional),  (Cosenza (Italie), envoyé spécial) et  (Madrid, correspondante)

Publié le 30 avril 2024 à 04h45, modifié le 30 avril 2024 à 21h04

Temps de Lecture 8 min.

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Angelos Vavlekis, un ingénieur civil qui a lancé un projet agricole près de Katapola (Grèce), sur l’île d’Amorgos, se promène dans les terres qu’il cultive, le 4 avril 2024.

« En Calabre, on manque de tout, on est loin de tout », dit Teresa Rossi, 58 ans, dans un souffle d’amertume qui résume les fatigues du quotidien. En ce matin pluvieux d’avril, elle a gravi les rues du centre-ville déserté de Cosenza pour obtenir au diocèse l’aide de la Caritas, le Secours catholique italien. Mme Rossi fait partie des 240 000 Calabrais qui ne touchent plus le revenu de citoyenneté, une aide que le gouvernement de Giorgia Meloni a supprimée en 2023. Ayant perdu son emploi à mi-temps d’assistante pour personnes âgées, elle n’a plus de quoi payer ses factures, alors qu’elle héberge encore trois de ses enfants majeurs. Ceux-ci subsistent difficilement entre chômage et travail journalier au noir, deux des nombreux maux qui frappent la jeunesse calabraise.

Dans la cuisine du diocèse, des volontaires préparent des repas pour une vingtaine de personnes. « Chez nous, les jeunes qui le peuvent s’en vont, regrette, amère, l’une d’entre elles, Mirella Spadafora, 69 ans. Il n’y a pas de travail, pas d’avenir. Un jour il n’y aura plus personne. » A la Caritas calabraise, on déplore, depuis la pandémie de Covid-19, l’apparition de « nouveaux pauvres » dans cette périphérie de l’Italie méridionale, déshéritée au regard des prospères et industrieuses régions de la plaine padane et de la Vénétie. Ici, 31 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Et en arrière-plan de ce sombre bilan se déploie le clientélisme et la présence tentaculaire de la ’Ndrangheta, cette mafia mondialisée qui conserve son ancrage dans une terre d’origine dont elle gangrène en profondeur la vie économique et politique.

La tragédie calabraise raconte l’histoire, complexe et protéiforme, des terres délaissées européennes. Celle qui s’inscrit en creux de la grande convergence observée et célébrée entre les économies des Etats membres – notamment entre ceux de l’Ouest et les dix pays, essentiellement d’Europe centrale et orientale, qui ont rejoint l’Union européenne (UE) en mai 2004. « Le rattrapage de ces derniers a été très net », résume Pawel Tokarski, spécialiste de l’économie européenne à l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité, à Berlin. Leur produit intérieur brut (PIB) par habitant est en effet passé de 52 % à 80 % de la moyenne de l’UE, selon le neuvième rapport sur la cohésion de la Commission européenne, publié le 27 mars. Et même à 91 % en République tchèque et en Slovénie.

« Phénomène d’hypermétropolisation »

Mais derrière ces grandes moyennes nationales, le détail des chiffres à l’échelle régionale offre un tableau bien différent. Celui d’une Europe où les capitales et métropoles captent une grande partie des richesses, au détriment des territoires périphériques et ruraux.

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