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Chantier du Project-One Ineos à Anvers. Mise en place des fondations du portant des canalisations de la future chaudière.
ERIC FLOGNY POUR « LE MONDE »

En Europe, une si difficile réindustrialisation

Par  (Anvers (Belgique), envoyé spécial) et  (Bruxelles, bureau européen)
Publié le 29 avril 2024 à 06h00, modifié le 29 avril 2024 à 13h54

Temps de Lecture 12 min. Read in English

L’espace d’une dizaine de jours, à l’été 2023, 4 milliards d’euros d’investissement dans la grande zone industrielle d’Anvers, en Belgique, ont failli être annulés. Comme un symbole des difficultés à relancer l’industrie lourde européenne, l’énorme projet a vacillé sur la décision technique d’une cour de justice administrative. Il s’agissait de la construction d’un « vapocraqueur » par la multinationale britannique Ineos. Cette usine, implantée dans l’immense zone portuaire déjà remplie d’installations pétrochimiques, doit transformer de l’éthane, un gaz naturel, en éthylène, qui sert à la fabrication de plastiques. Elle représente le plus important investissement dans le secteur en Europe depuis une génération.

Lire le décryptage (2023) | Article réservé à nos abonnés En Europe, la mécanique du Green Deal se grippe

Ineos a lancé le projet en 2019 et obtenu en 2022 le permis de construire du gouvernement régional flamand. Mais un juge du Conseil pour les litiges relatifs aux permis, en Belgique, a décidé, le 25 juillet 2023, d’annuler l’autorisation. Sa raison ? Elle estimait que l’entreprise n’avait pas prouvé de façon suffisamment détaillée que ses émissions d’azote ne risquaient pas de détériorer les réserves naturelles installées de l’autre côté de la frontière, aux Pays-Bas. A l’exception des Verts, tous les partis étaient favorables au projet. « Mais un juge a voulu s’y opposer », s’agace John McNally, qui dirige le projet pour Ineos.

Il rappelle que son vapocraqueur doit émettre moitié moins de gaz à effet de serre que ses concurrents européens et est largement moins polluant que les usines asiatiques. Que l’hydrogène dégagé dans le processus sera entièrement réutilisé comme carburant dans l’usine. Que l’azote dégagée chaque année est de 0,12 kg par hectare, « l’équivalent de trois barbecues par an ».

Et, surtout, que l’industrie pétrochimique européenne est en déclin depuis vingt-cinq ans. « Si les Européens ne produisent pas l’éthylène ici, ils l’importeront », lance-t-il. Hors d’Europe, vingt-quatre vapocraqueurs sont prévus à la construction dans les cinq prochaines années. En Europe, c’est le seul.

John McNally (de face), patron d’Ineos Project One, sur le chantier Project One, à Anvers (Belgique), le 10 avril 2024.

Finalement, après 800 pages de nouvelles études, le passage d’un décret du gouvernement flamand pour permettre les rejets d’azote en dessous d’un certain seuil, et un surcoût de près de 80 millions d’euros, Ineos a reçu un nouveau permis en janvier. L’entreprise table sur une mise en service début 2027. A moins qu’un ultime recours en justice, lancé en février par une quinzaine d’associations, vienne de nouveau tout bloquer.

Pour M. McNally, cette histoire illustre les difficultés de l’industrie sur le Vieux Continent : « Ces attaques systématiques n’arrivent qu’en Europe. C’est nettement moins le cas aux Etats-Unis et pas du tout en Asie. Si vous êtes un industriel avec 5 milliards d’euros à investir, vous choisiriez d’aller où ? »

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