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Pour Le Monde, reportage au Village Huttopia du Lac de Rillé (Indre-et-Loire), le jeudi 11 avril 2024. Ici, dans le village : l'intérieur est 100 % piétons, les chemins sont en terre battue, pas de goudron.
CYRIL CHIGOT / DIVERGENCE POUR « LE MONDE »

Comment Huttopia a amené les cadres sup au camping : « Il n’y a pas de Wi-Fi, et c’est voulu »

Par  (Rillé (Indre-et-Loire), envoyée spéciale)
Publié le 23 avril 2024 à 14h00, modifié le 24 avril 2024 à 10h39

Temps de Lecture 5 min.

La chasse au trésor est lancée, et Olivier Lacaze a bien du mal à suivre ses deux enfants, qui détalent à la recherche du prochain indice, dans le camping Huttopia du lac de Rillé (Indre-et-Loire). « Le camping, ce n’est pas du tout mon univers », explique ce quadragénaire, directeur d’une agence de communication à Paris. C’est pourtant la troisième fois qu’il passe ses vacances dans un Huttopia.

Après le Périgord et le Perche, il a cette fois embarqué un couple d’amis dans ce coin reculé de Touraine. Les deux familles ont réservé des chalets côte à côte, sous les pins et les chênes, à quelques pas du lac, de la piscine chauffée et du « spa forestier », un sauna et un bain chaud en extérieur. « Il n’y a pas de Wi-Fi, et c’est voulu », indique le directeur du site, Benjamin Roger − le réseau cellulaire est par ailleurs très mauvais.

En cette semaine des vacances scolaires d’avril, chaque couple a payé 1 200 euros pour six nuits. « On vient là surtout pour les enfants, pour les occuper avec des activités dehors, et pour le côté nature, la déconnexion. C’est simple, joli, même si j’ai conscience d’être dans un truc taillé pour les bobos », reconnaît Olivier Lacaze.

Parmi les participants à la chasse au trésor, on croisait ce jour-là une médecin, un informaticien, une juriste, une documentaliste, un journaliste… « C’est la première fois pour nous. D’habitude, on est plutôt location de maison », reconnaît Jean-Marie Commelin, un ostéopathe parisien, venu pour la première fois avec sa femme, avocate, et leurs jeunes enfants.

Séduire un public qui n’aimait pas le camping : voilà l’un des tours de force d’Huttopia, un groupe lancé il y a vingt-cinq ans par un couple de Drômois, Céline et Philippe Bossanne. Alors que l’entreprise comptait 14 sites en 2010, elle en possède désormais 68, majoritairement en France, mais aussi en Espagne, aux Pays-Bas, aux Etats-Unis ou encore au Canada.

« Ils se positionnent sur de très beaux sites »

De nouveaux ouvrent tous les ans : en 2024, dans le Lot-et-Garonne, en Savoie, au sud de Lyon… Huttopia, dont le siège est situé à Saint-Gennis-les-Ollières (Rhône), a ainsi atteint 113 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 − un chiffre qui progresse en moyenne de 20 % par an, et encore plus depuis la pandémie de Covid-19, qui a dopé les demandes de séjour en plein air.

Une famille récemment arrivée profite d’une activité gratuite, au village Huttopia du lac de Rillé (Indre-et-Loire), le 11 avril 2024.

La méthode de l’entreprise est bien rodée : elle rachète des campings (ou, dans certains cas, reprend une délégation de service public) installés sur des sites arborés et les transforme à sa convenance. Cabanes, tentes de luxe façon safari lodge, café-restaurant en bois, épicerie avec des produits bio, programme d’activités dans la nature pour les enfants, location de vélo et un quota d’emplacements nus pour tentes et caravanes…

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