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Carlos Tavares assume son salaire controversé chez Stellantis, validé par ses actionnaires : « Si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi »

Les actionnaires du constructeur automobile Stellantis ont approuvé à 70,2 % des voix la rémunération du directeur général du groupe qui pourrait atteindre 36,5 millions d’euros pour l’année 2023.

Le Monde avec AFP

Publié le 16 avril 2024 à 15h45, modifié le 16 avril 2024 à 17h00 (republication de l’article du 16 avril 2024 à 11h39)

Temps de Lecture 3 min.

Carlos Tavares, PDG de Stellantis, inaugure le nouveau site d’assemblage de la transmission à double embrayage électrifiée (eDTC) du groupe dans le complexe Mirafiori à Turin, en Italie, le 10 avril 2024.

Un vote non contraignant mais scruté de près : les actionnaires de Stellantis, réunis en assemblée générale mardi 16 avril, ont validé à 70,2 % des voix la rémunération du directeur général du groupe, laquelle pourrait atteindre 36,5 millions d’euros pour l’année 2023, selon le rapport annuel financier de l’entreprise, contre 23,5 millions d’euros en 2022 et 19 millions d’euros en 2021.

La hausse de sa rémunération est notamment liée au versement d’une prime de 10 millions d’euros pour la « transformation » du groupe créé en 2021 avec la fusion de PSA et de Fiat-Chrysler. La rémunération de M. Tavares, 65 ans, intègre des pensions de retraite qui seront versées sur le long terme, mais aussi des bonus attribués seulement s’il atteint les objectifs fixés pour 2025, dernière année de son mandat actuel à la tête du constructeur.

Au titre de l’exercice 2023, M. Tavares touchera dans un premier temps 23,5 millions d’euros. Versée en grande partie en actions, cette rémunération augmente aussi avec la valeur du titre du groupe, qui a quasi doublé depuis trois ans. Contrairement à ce qui se serait passé si le siège social de Stellantis était situé en France, le vote des actionnaires sera purement consultatif, la société étant de droit néerlandais.

En déplacement lundi à l’usine de Trémery (Moselle), M. Tavares a assumé cette rémunération, « une dimension contractuelle entre l’entreprise et moi comme pour un joueur de foot et un pilote de formule 1 ». « Quatre-vingt-dix pour cent de mon salaire est fait par les résultats de l’entreprise, (…) donc cela prouve que les résultats de l’entreprise ne sont apparemment pas trop mauvais », a réagi M. Tavares au micro de France Bleu Lorraine Nord, ajoutant : « Si vous estimez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et modifiez la loi et je la respecterai. »

Dans la foulée, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud, a annoncé sur son compte X qu’il comptait redéposer une proposition de loi visant à limiter les écarts de revenus dans les entreprises. Le texte, déposé une première fois en 2020, appelle aussi le gouvernement à remettre un rapport au Parlement pour « évaluer la nécessité d’une évolution de la législation européenne relative à la transparence et l’encadrement des écarts de rémunération au sein des entreprises dont le siège social est implanté dans un des Etats membres de l’Union européenne », comme cela est le cas pour Stellantis. « On peut donner raison à M. Tavares sur un point : c’est la politique qui pourra régler une limite décente aux écarts des revenus », a estimé M. Vallaud.

« Choquant et scandaleux » pour la CGT

Avec ses 14 marques dont Peugeot, Citroën, Fiat, Dodge et Opel, Stellantis a publié le 15 février un nouveau bénéfice record de 18,6 milliards d’euros pour 2023, en hausse de 11 % sur un an. Son chiffre d’affaires s’approche de 190 milliards d’euros.

Plusieurs sociétés de conseil aux investisseurs ont néanmoins recommandé de voter contre cette année, dont l’agence américaine Glass Lewis, qui a émis « de sérieuses réserves ». « La rémunération est excessive même dans ce contexte », a aussi fait savoir ISS (pour International Shareholder Services), dans une note que Le Monde a consultée.

De son côté, la Confédération générale du travail (CGT) de Stellantis a décrié un salaire « totalement choquant et scandaleux » équivalant à 100 000 euros par jour, « une augmentation de près de 50 %, quand la plupart d’entre nous ont eu seulement 3,7 %, et galèrent pour finir le mois ». Le grand groupe automobile a annoncé le 15 février qu’il allait redistribuer près de 1,9 milliard d’euros à ses salariés dans le monde. En France, cela représente un minimum de 4 100 euros pour les plus bas salaires – contre 4 300 en 2023, malgré des bénéfices plus élevés cette année chez Stellantis. Les actionnaires du groupe recevront, pour leur part, autour de 7,7 milliards d’euros pour l’exercice 2023, entre les dividendes et un programme de rachat d’actions.

La rémunération du directeur général avait déjà été critiquée en 2022, notamment par le président de la République, Emmanuel Macron, qui avait jugé, entre les deux tours de l’élection présidentielle, « choquant et excessif » le montant « astronomique » de sa rétribution. Stellantis argumente qu’il faut plutôt comparer cette rémunération avec celles de multinationales comme Boeing aux Etats-Unis (Dave Calhoun, 33 millions de dollars pour 2023). Le groupe réalise, en effet, la majorité de ses ventes en Europe, mais tire l’essentiel de ses profits du marché américain.

Le Monde avec AFP

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