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« Les Vieux », une déambulation poétique au contact du grand âge

Le documentaire de Claus Drexel constitue, à partir de portraits intimes, filmés à domicile ou en Ehpad, une histoire collective, avec ses évolutions sémantiques, sociales et politiques, au fil des décennies.

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Publié le 25 avril 2024 à 15h45

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« Les Vieux », de Claus Drexel.

L’AVIS DU « MONDE » - À VOIR

Il nous en faut peu pour infantiliser « nos petits vieux », les trouver mignons et les suspecter de perdre la tête, de conduire dangereusement, d’être trop fragiles pour ci ou ça, et même à bout de souffle… Pour échapper aux idées reçues sur la sénilité et faire entendre les voix des principaux concernés, le cinéaste d’origine bavaroise Claus Drexel, passé aussi par la fiction, est parti sur les routes de France à la rencontre de bon nombre d’entre eux.

Ils sont âgés de 80 ans à un peu plus de 100 ans, vivent en Alsace, en Bretagne, au Pays basque, en Auvergne, en Corrèze, dans le Cantal, les Cévennes, les Alpes, en Corse, viennent de tous les milieux : un baron, d’anciens pêcheurs, des mineurs, agriculteurs, ouvriers de chantiers navals… De ces rencontres au fil des jours Drexel et sa petite équipe rapportent des portraits intimes, saisis en plans fixes, dans les lieux de vie de chacun, à domicile ou en Ehpad. Assis dans leur salon ou dans leur chambre, le plus souvent seuls, mais aussi en couple ou entre amis, les participants livrent des bouts de chemin, des états d’âme, des pensées qui constituent les « morceaux choisis » des Vieux.

Si simple soit-il, ce dispositif frontal accouche, par touches impressionnistes, d’une vibrante comédie humaine qui parle du grand âge et des moments forts d’une vie. Il y a les bordéliques, les maniaques, les sophistiqués, les nostalgiques, les « à la page », les prévoyants… « J’ai acheté sur les quais un “suicide, mode d’emploi”, mais les médocs n’existent plus », dit l’un. « Si je pouvais mettre ma tête sur des jambes, je courrais comme une chèvre », rêve une nonagénaire dont la sagacité renverse les apparences tenues dans une mise en scène « nature morte » (caméra immobile et protagonistes assis). De confession juive, ancienne maîtresse de conférences, restée seule après la rafle de sa famille, elle rend grâce au geste d’un homme venu lui serrer la main le premier jour où elle a porté l’étoile jaune et se remémore ses paroles : « Mademoiselle, j’ai honte d’être français. » « La guerre, dit-elle, c’est le seul truc important. Le reste, c’est du roman. »

Un écrin stylisé

Alors que nos anciens sont invisibilisés par nos sociétés centrées sur le productivisme et le profit, les souvenirs de chacun, souvent imagés, confèrent à ce road trip hexagonal la dimension d’une histoire collective, avec ses évolutions sémantiques, sociales, politiques, au cours des décennies. Beaucoup parlent de 39-45, décrivent la solitude – à différencier de « l’isolement… c’est fatal ! », expose l’une d’elles –, s’interrogent sur leur utilité, donnant matière à réflexion. Si le film fait parfois l’effet d’un tutoriel « conseils pour mieux vivre », délivrés par des gens bien – pas de petitesse ici –, on regarde volontiers le passé se mêler à l’avenir pour envisager le futur à l’aune de l’expérience. Un couple raconte avoir ouvert une maison associative pour occuper les jeunes défavorisés l’été, après avoir été cambriolé par ces derniers. Des héros pas rancuniers, donc. « L’uniformité ne fait pas l’unité », philosophe une autre.

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