Créer une cérémonie digne de ce nom pour célébrer le rap, le R’n’B, le dancehall et toutes les musiques inspirées par la culture hip-hop présente en France depuis quarante ans. Hamad Ba (de son vrai nom Amadou Ba), 41 ans, et Tom Brunet, 38 ans, en avaient rêvé et l’ont fait. Les Flammes, qui récompensent dorénavant les artistes des musiques dites « populaires », tiendront ce jeudi 25 avril leur deuxième édition au Théâtre du Chatelet, à Paris.
A la mi-mars, 280 000 personnes ont voté pendant quinze jours sur la plate-forme des Flammes dans quatorze des vingt-quatre catégories proposées, soit le double par rapport à la première édition, qui a eu lieu le 10 mai 2023. La cérémonie était alors diffusée en différé sur la chaîne W9, elle le sera cette fois-ci en direct et en première partie de soirée, ainsi que sur la chaîne YouTube du magazine en ligne spécialisé Booska-P et sur le service de streaming vidéo Twitch. En 2023, 500 artistes avaient candidaté dans des catégories aussi diverses que le morceau d’inspiration caribéenne ou la performance rap. Des noms importants manquaient à l’appel, comme celui du Marseillais Jul.
Influencer les Victoires
Cette année, tous semblent avoir joué le jeu. Plus de 900 rappeurs qui ont sorti un album ou sont partis en tournée ont ainsi renvoyé leur formulaire d’inscription. Dans un premier temps, leur candidature a été soumise à un panel de deux cents journalistes et de figures du hip-hop, qui ont choisi dix nommés dans chaque catégorie. Puis la sélection a été réduite à trois par le vote du public et d’un jury expert, composé de onze femmes et douze hommes du métier.
Cependant, la plus grande victoire pour les initiateurs des Flammes, c’est d’avoir réussi à influencer les nominations des Victoires de la musique, cérémonie de récompenses organisée par l’industrie du disque. Régulièrement, les artistes rap se plaignaient d’être sous-représentés dans les catégories reines malgré leur succès auprès des Français. Le dernier en date, SCH, le 1er février 2022, qui recevait ce soir-là, la Victoire de l’album le plus streamé, avait posé son trophée au sol et le rappeur, « gêné », avait énuméré les noms de ses collègues (Ninho, Jul, Dinos, Laylow…) qui avaient fait aussi bien que lui mais étaient absents de la cérémonie.
Deux ans plus tard, les 39es Victoires de la musique ont rectifié le tir et Aya Nakamura remportait la Victoire de la meilleure artiste féminine ; Gazo celle de l’artiste masculin, ex aequo avec le chanteur Vianney. Tom Brunet et Hamad Ba en sont très contents : « Tant mieux si nous avons joué un rôle dans des décisions ou en tout cas accéléré des évolutions pour les Victoires de la musique de cette année. Nous avons l’intime conviction qu’ils se sont inspirés de notre processus de vote. Ils ont procédé par étapes comme nous, et ont rajouté un jury. » Les Flammes et leur cérémonie ont aussi donné envie à d’autres genres musicaux de célébrer leur musique. Les artistes de reggae français, qui se plaignent souvent d’être sous-médiatisés, ont ainsi organisé les Reggae Dancehall Awards le 24 janvier, à Longjumeau, dans l’Essonne.
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