LA LISTE DE LA MATINALE
Un soldat israélien qui fait un pas de côté pour échapper à la folie meurtrière, un triangle amoureux très lubitschien dans l’univers du tennis de haut niveau, Amy Winehouse et ses passions destructrices, une jeune avocate qui sort des clous quand l’affectif prend le pas sur le rationnel… La semaine cinéma s’annonce riche sur le plan émotionnel.
A ne pas manquer
« Le Déserteur » : la fuite de Gaza d’un jeune soldat de Tsahal
Le deuxième long-métrage de Dani Rosenberg, après un premier essai foutraque autour du décès paternel (La Mort du cinéma et de mon père aussi, 2021), renoue avec la vigueur du jeune cinéma israélien, une façon de convertir la rage en mouvement. Tout commence en état de siège, au sein d’un immeuble défoncé de Beit Hanoun, dans la bande de Gaza, où s’abrite un bataillon de l’armée israélienne. Au moment d’évacuer l’endroit, Shlomi (Ido Tako), soldat de 18 ans effectuant son service militaire, décide tout à coup de rester en arrière, laissant la troupe avancer sans lui.
En décrivant un pas de côté, il sort de son rôle de combattant, aussi bien que de la logique guerrière et du narratif politique qui président aux affrontements. Son geste inaugural est ainsi de faire défection à tout, y compris au film de guerre qui s’amorçait sous nos yeux. Il voit autour de lui se mettre en place un scénario qui lui échappe : son absence est immédiatement interprétée comme un acte terroriste d’enlèvement, une prise d’otage par l’ennemi. Ce qui ne manque pas de justifier en son nom une riposte sanglante.
Divulgué en août 2023 au Festival de Locarno, Le Déserteur s’est retrouvé heurté de plein fouet par l’actualité alors qu’il poursuivait sa tournée en festivals, synchrone avec les attaques du 7 octobre 2023 du Hamas sur le district sud d’Israël, précisément là où le récit établit son point de départ. Ma. Mt.
Film israélien de Dani Rosenberg. Avec Ido Tako, Mika Reiss, Efrat Ben-Zur, Tiki Dayan, Shmulik Cohen (1 h 38).
« Challengers » : simple dame et double messieurs
Chez Guadagnino, le désir manque de faire imploser les univers les plus policés. L’intrigue prend place dans le milieu très compétitif du tennis où s’orchestre un triangle amoureux très lubitschien. Tashi Duncan (Zendaya, qui produit aussi le film) est une ancienne joueuse de tennis qui a dû très tôt renoncer à sa carrière après une grave blessure. Elle s’occupe désormais de celle de son mari, Art (Mike Faist), qui, en perte de vitesse, décide de s’inscrire au tournoi de seconde division Challenger. Il s’apprête à affronter Patrick (Josh O’Connor), son ancien meilleur ami et ex-petit copain de Tashi.
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