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Tour de France : il monte, l’enthousiasme pour une victoire française à Paris

Pinot et Alaphilippe, quoi qu’il arrive, auront bouleversé ce Tour de France et les schémas établis. Il n’y aurait rien de plus français que de les voir perdre, maintenant.

Publié le 23 juillet 2019 à 06h05, modifié le 23 juillet 2019 à 10h40 Temps de Lecture 4 min.

16e ÉTAPE : NÎMES-NÎMES, 177 KM

Balade entre amis dans le Tourmalet.

Quel bazar ! Pour imaginer ce qui se trame dans la tête d’un fou de vélo ces jours-ci, pensez au cinéphile qui s’offre une rétro Hitchcock après sept saisons de Plus belle la vie. Ce suspense à six jours de Paris, on n’est plus habitué.

On retourne le classement dans tous les sens en se demandant où est la caméra cachée, le clown sur ressorts qui va sortir de sa boîte en nous hurlant que c’est un film scripté par ASO, un Truman Show sur deux roues pour vendre les châteaux cathares aux Néerlandais et les vignobles de Champagne aux Allemands. On cherche du rose partout sur l’écran pour être sûr qu’on ne s’est pas branché sur une rediff’ du Giro.

Sept millions de Français étaient branchés sur France 2 pour voir les arrivées des deux étapes pyrénéennes. Quelle excuse ont les 60 millions d’autres ?

Pour ceux qui n’ont pas suivi le film, le plus sûr moyen de le comprendre est de jeter un œil du côté des bookmakers anglais pour la victoire dans le Tour de France.

Oui, dans cinq dodos, vous fêterez peut-être sur les Champs le premier vainqueur français du Tour depuis Yannick Noah.

Journée d’excitation

Même lors de la journée de repos dans la fournaise nîmoise, lundi, on a frôlé l’excitation. Depuis quatre ans, côté écrivants, la deuxième journée de repos consistait essentiellement à compter les mouches au plafond de l’hôtel du Team Sky et à écouter Romain Bardet promettre de tout tenter pour renverser la table, tout en sachant très bien que le coffre-fort de la Sky était posé sur la table, qui ne bougerait donc pas.

Bien sûr, la journée se résuma comme toujours à quelques échanges convenus entre coureurs et journalistes qui, chacun de leur côté, se seraient très bien contentés de pioncer au bord d’une piscine. Mais l’attente est telle qu’on se plaît à analyser les phrases des uns et des autres, les non-dits et les haussements d’épaules, le sourire de Marc Madiot et le rictus de Dave Brailsford. Qui cache ses cartes ? Qui en a trop dit ?

Ce qu’on a vu et entendu lundi, dans trois hôtels de la zone commerciale « Ville Active », qui fait une entrée fracassante dans le top 1 des choses les plus laides vues en France depuis notre départ :

  • Thibaut Pinot a changé de tête depuis une semaine et attaquera dans les Alpes dès qu’il le pourra ;
  • l’équipe Ineos est confiante, très confiante, et, doucement, dans les mots, une hiérarchie s’installe, plaçant Geraint Thomas au-dessus d’Egan Bernal. Il faut peut-être y voir malice ;
  • Julian Alaphilippe « prend les jours les uns après les autres », et comme il l’a dit non sans humour : « Si vous voulez me poser d’autres questions vous pouvez y aller, je réponds depuis dix jours la même chose. »

La France présente les frères Pétard

On a croisé un journaliste anglais curieux de savoir comment la France vivrait d’avoir un compatriote vainqueur du Tour. On n’a pas trop su quoi lui répondre, car la dernière fois, on n’était pas né, mais c’était aussi une façon de lui dire qu’on n’osait pas trop y croire, que cela ne pouvait être. Se souviennent-ils, nos voisins, de ce qu’ils faisaient lorsqu’Andy Murray a remporté Wimbledon 77 ans après Fred Perry ?

Et en plus, leurs dentitions sont impeccables.

Il monte, ailleurs, un enthousiasme certain pour la perspective d’une victoire tricolore à Paris. Comme si l’on pouvait faire à la France l’aumône d’un succès tous les trente-cinq ans, en remboursement d’inviter le monde sur ses routes tout juillet. C’est aussi que le cyclisme français n’est pas venu au banquet avec les deux cousins coincés mais avec les frères Pétard, comme le titrait génialement L’Equipe après le coup de force d’Alaphilippe et Pinot sur la route de Saint-Etienne.

Les deux hommes, quoi qu’il arrive désormais, auront bouleversé ce Tour de France et les schémas établis ; il n’y aurait rien de plus français que de les voir perdre, maintenant, mais sur le vélo, Alaphilippe parle belge et Pinot italien, ce qui rassure.

Course d’élimination

Au-delà du drapeau, l’affiche donne plus envie aux amateurs de cyclisme qu’un duel Kruiswijk-Buchmann, qui fera vibrer sur une diagonale allant d’Utrecht à Ravensbourg, pas plus. Les deux hommes ne sont pas connus pour être les coureurs les plus offensifs du peloton et, de manière plus personnelle, on admet que la perspective de gratter le portrait de l’un des deux dimanches soir ne serait pas la meilleure façon de partir en vacances.

Quant au duo d’Ineos, il porte sur lui sept ans de frustrations et de soupçons accumulés, et l’on se consolerait pour eux en se disant que Geraint Thomas en a bien profité l’an dernier, et qu’Egan Bernal en profitera bien l’an prochain.

Ces considérations, le cyclisme les balaiera bien vite, dès jeudi dans la première étape de la trilogie des Alpes. Elle prendra aux coureurs leur dernier souffle là où l’oxygène se raréfie, et devrait être une course d’usure plus qu’un feu d’artifice. Prédire où le Tour se jouera serait hasardeux après les deux premières semaines, mais on ne parierait pas sur cette boucle autour de Nîmes, aujourd’hui. On signale tout de même un peu de mistral cet après-midi et une longue ligne droite entre Moussac et Aureilhac. Attention au rond-point à la sortie de Lédignan, km 119.

Départ à 13 h 30 ; arrivée prévue vers 17 h 25

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