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La très compliquée restitution des sabres de l’émir Abdelkader, héros de la résistance à la conquête française de l’Algérie

Clé de la réconciliation mémorielle entre les deux pays, la demande d’Alger de récupérer des biens du héros national aujourd’hui détenus dans des musées français risque de se heurter à un imbroglio juridique.

Par  (Salon-de-Provence, envoyé spécial)

Publié le 08 mai 2024 à 06h50, modifié le 08 mai 2024 à 16h00

Temps de Lecture 7 min.

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Le sabre de l’émir Abdelkader conservé au château de l’Empéri, à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône).

Derrière la vitre s’étalent des reliques orientales à la puissante symbolique. Il y a un burnous pourpre ramené par le général Bugeaud, un fez piqué d’un pompon vert à franges dont le général de Lamoricière s’était entiché, ou la clé de Laghouat (une ville située à 400 km au sud d’Alger) saisie par le général Pélissier. Il y a surtout un majestueux sabre en acier damassé à la courbure légère, glissé dans un fourreau en métal doré ciselé.

L’arme était celle de l’émir Abdelkader, le chef emblématique de la résistance à la conquête française de l’Algérie, contraint à la reddition le 23 décembre 1847. Aujourd’hui encore, son ombre portée hante la relation diplomatique entre la France et l’Algérie, à l’heure de la montée des revendications de restitutions.

Troublante est cette mémoire du face-à-face, par pièces muséales interposées, entre le héros national algérien et ses adversaires de l’époque, officiers d’une « armée d’Afrique » en pleine expansion coloniale. Qu’elle soit confinée dans ce caisson de verre baignant dans la pénombre du château de l’Empéri, à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), ajoute à la mélancolie de la visite. Le lieu s’y prête assurément. D’augustes mânes rôdent déjà dans le labyrinthe de cette forteresse édifiée au Moyen Age sur une protubérance pierreuse battue par le mistral. L’astrologue Nostradamus, figure de la cité, y a accueilli en 1564 Catherine de Médicis, reine de France en quête de prophéties sur l’avenir du trône.

En ce coin « algérien » du Musée de l’Empéri – dévolu à l’art et l’histoire militaires –, le sabre d’Abdelkader aimante le regard. Son ornementation quelque peu baroque, qui l’apparente au style dit « rocaille ottoman », n’explique pas tout. L’attirance a surtout à voir avec la charge politique que recèle la pièce, suggérée par sa notice : « La reddition d’Abelkader ».

Le voilà donc, le sabre de la capitulation de 1847, ce trophée que le chef insurgé traqué de l’Ouest algérien a remis – au côté de sa jument – au duc d’Aumale, fils du roi Louis-Philippe (1830-1848) promu gouverneur général en Algérie, à Djemaa Ghazaouet, non loin de la frontière avec le sultanat du Maroc. Ironie de l’histoire, le sabre est frappé de la mention « Manceaux Paris » (une manufacture d’armes), indice qu’il est de fabrication française. Selon toute vraisemblance, il s’agirait d’un cadeau diplomatique offert par la France à l’émir lors de la signature en 1837 du traité de la Tafna, une trêve qui dura à peine deux ans. Un retour à l’envoyeur, en somme.

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