L’accès à sept sites d’information en ligne, dont celui du Monde, ainsi qu’à la chaîne de télévision TV5Monde, a été suspendu au Burkina Faso, selon un communiqué de l’autorité de communication burkinabée.
Le Conseil supérieur de la communication (CSC) a décidé « de la suspension de la diffusion des programmes de la télévision internationale TV5Monde au Burkina Faso pour une durée de deux semaines », dit-il dans un communiqué parvenu dimanche 28 avril à l’Agence France-Presse (AFP). L’organisme a également décidé de la « suspension de l’accès aux sites Web de TV5Monde, Deutsche Welle, Ouest-France, LeMonde.fr, Apanews, The Guardian, et AgenceEcofin, à partir du territoire burkinabé et ce jusqu’à nouvel ordre ».
Cette nouvelle série de suspensions survient deux jours après celle de radios britannique et américaine, la BBC et Voice of America (VOA), pour une durée de deux semaines. Comme pour ces deux médias, le CSC justifie les nouvelles suspensions par la diffusion du contenu d’un rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW) accusant l’armée burkinabée, aux prises avec les groupes armés djihadistes, d’avoir « exécuté au moins 223 civils dont au moins 56 enfants, dans deux villages le 25 février ».
« Déclarations péremptoires contre l’armée burkinabée »
Le CSC affirme avoir « décelé dans les contenus publiés sur ces différents supports, des déclarations péremptoires et tendancieuses contre l’armée burkinabée, sans précaution aucune », ce qui « constitue une désinformation de nature à porter le discrédit sur l’armée burkinabée ».
Dans un communiqué publié samedi concernant le rapport de HRW, le ministre burkinabé de la communication burkinabé, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a fait savoir que « le Burkina Faso rejette et condamne fermement de telles accusations infondées ».
« Les tueries de Nodin et de Soro ont donné lieu à l’ouverture d’une enquête judiciaire », ajoute-t-il, en s’étonnant que « pendant que cette enquête est en cours pour élucider les faits et identifier leurs auteurs, HRW ait pu, par une imagination débordante, identifier “les coupables” et prononcer son verdict ». M. Ouédraogo estime que « la campagne médiatique orchestrée autour de ces accusations démontre à souhait le dessein inavoué de ces auteurs qui est de jeter le discrédit sur nos forces combattantes engagées sur le champ d’honneur, au péril de leur vie, dans la sécurisation du territoire ainsi que la protection des populations et de leurs biens contre les attaques terroristes ».
Violences djihadistes
Les forces armées ne peuvent être « dans le même temps auteurs d’actes ignobles tels ceux allégués envers ces mêmes populations », affirme-t-il. Selon le porte-parole, « toutes les allégations de violations et d’abus de droits humains rapportées dans le cadre de la lutte contre le terrorisme font systématiquement l’objet d’enquêtes » suivies par le gouvernement et le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.
Ces nouvelles suspensions suivent celles, temporaires ou définitives, prises à l’encontre de plusieurs autres médias étrangers − principalement français − depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, en septembre 2022.
Le Burkina Faso est dirigé depuis 2022 par un régime militaire issu de deux coups d’Etat, l’un en janvier, l’autre en septembre. Il est confronté depuis 2015 à des violences djihadistes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaida et au groupe Etat islamique qui ont fait quelque 20 000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.
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